8 décembre 2022 - Interview de Pierre Miara

- Chef décorateur -

« Après ma 12ème je suis parti chez les compagnons pour être métallier, ferronnier d’art, j’ai exercé pendant 10 ans.  Ensuite je suis rentré dans le cinéma, dans l’audiovisuel.  J’ai profité de mon savoir-faire en métallerie, donc en construction, pour pouvoir les aider sur leurs décors.  Et à partir de là en fait je suis resté dans le décor : d’abord dans l’audiovisuel puis après dans le théâtre. »

Quel souvenir gardez-vous de l’école Perceval ?

« Quand je suis arrivé à Perceval, dès le premier jour, ce n’est pas une façon de parler, ça a bouleversé ma vie.  J’étais le dernier à rentrer en classe, j’étais tout timide, je ne savais pas trop où j’arrivais.  Et là tout de suite – enfin, évidemment tout le monde se connaissait, donc tout le monde était installé, chacun avec ses affinités, avec ses copains, au niveau des tables, et la maîtresse a demandé « Bon, bien où est-ce que tu vas te mettre ? » –, et là tout de suite, il y a un élève qui s’est levé, qui a levé la main et qui a dit « A côté de moi, à côté de moi, à côté de moi ».  Je ne le connaissais pas, il ne me connaissait pas.  Et ça a été mon entrée dans Perceval, et ça a été ça jusqu’à la fin. »

Quel a été selon vous le plus grand apport de la pédagogie Steiner-Waldorf ?

« Le respect de l’autre, la reconnaissance de l’autre, ma dignité bien évidemment, et aussi mon droit à la liberté : je peux être ce que je veux.  C’est la première fois, je dirais, dans un institut, quel qu’il soit, qu’on m’a fait confiance : pas qu’on m’a fait confiance sur une tâche, sur ce que je pouvais faire, mais sur ce que je pouvais devenir.  On m’a laissé la liberté d’avoir envie d’être quelqu’un.  Je n’aurais pas été qui je suis aujourd’hui si je n’avais pas été chez Steiner et en l’occurrence à Perceval. »

Pensez-vous que la pédagogie Steiner-Waldorf soit en contradiction avec le principe de laïcité ?

« Je me pose la question, je sais quels sont les débats, je connais les sujets.  Très honnêtement, je n’arrive pas à trouver : je n’arrive pas à trouver.  Et c’est une question que je ne comprends pas, je ne comprends pas parce que, ben tout simplement il n’y a rien. »

Avez-vous la sensation d’avoir grandi dans une secte ?

« Ha, ha, non, je n’ai pas du tout l’impression d’avoir grandi dans une secte.  Aucunement, je sais que ce n’est pas le cas et surtout, surtout, je pense que si ça avait été le cas, je n’aurais pas acquis cette liberté personnelle, justement, qui m’a permis, aussi, de m’éloigner de l’école.  Les sectes, qu’est-ce que c’est qu’une secte, il y a la définition nationale, et puis il y a toute l’idée que les gens s’en font.  Personnellement, j’ai été à Perceval, j’ai appris, ça m’a permis de grandir, et ça m’a permis de m’éloigner et de faire ma vie.  De pouvoir faire mon propre chemin, intellectuel, de pouvoir aller soit plus loin, soit ailleurs.  Justement de ne pas me cantonner à ce qu’on m’a appris, mais que ce que l’on m’a appris puisse être un outil, pour que je puisse me développer complètement. »

Qu’est-ce que l’anthroposophie selon vous ?

« Très honnêtement, je ne sais pas exactement.  Je ne pourrais pas dire que je sais exactement ce que c’est.  J’en ai entendu parler, en dehors de ça je ne m’y suis jamais vraiment intéressé. »