Dr Antony Mauvais

- Chercheur -

« Ancien élève de l’école Steiner, j’y ai été scolarisé deux ans, entre 16 et 18 ans. Enfant distrait, très timide, hypersensible, j’étais un produit de l’échec scolaire. Suite à une succession classique de problèmes de santé, de redoublements et d’erreurs d’orientation, mon parcours dans l’éducation nationale s’est interrompu en classe de seconde, à l’issue d’un conseil de classe qui prononçait ma déscolarisation. J’étais désespéré. Comme ma famille n’a jamais douté de mes aptitudes ni de mon avenir, elle a vite trouvé la pédagogie alternative qui pourrait me convenir. C’est ainsi que j’ai pu intégrer l’école de Chatou (Perceval), quittant la région de Besançon où j’avais grandi pour une chambre au pair à Rueil-Malmaison. J’étais résolu.

Mes deux années passées à Perceval m’ont sauvé la vie, littéralement. Mon adaptation fut bien plus rapide qu’anticipée, grâce aux enseignants comme aux élèves de ma classe, où régnait la gaieté. Ce fut d’abord ma découverte ahurie d’un jardin d’enfants où les plus petits allaient en chantant, puis les premiers compliments reçus de mes professeurs : je n’en avais jamais entendu jusqu’ici. L’enseignement par « périodes » m’a un peu dérouté au début mais je m’y suis fait vite, surtout pour celles où l’imagination et la créativité étaient sollicitées : marqueterie, sculpture, chorale, etc.

Tout n’a pas été rose bien entendu, car il m’a fallu me reconstruire vraiment après l’échec scolaire, et les professeurs de Perceval ont été d’une bienveillance et d’une honnêteté totales envers moi. En quelque sorte, j’ai découvert à Chatou la cohérence qui m’avait tant fait défaut dans mon parcours précédent. Jamais je ne me suis senti endoctriné ni sous l’emprise de la pédagogie Steiner : nos professeurs nous encourageaient au contraire à trouver notre propre cohérence. Je leur en suis profondément reconnaissant.

Revenu dans le cycle classique pour y passer le bac, j’ai poursuivi avec des études courtes qui m’ont laissé sur ma faim, enfin retrouvée ! Puis j’ai enchaîné avec l’Université, jusqu’au doctorat. Finalement, après quelques années de recherche, j’ai créé avec un éminent Professeur d’Université une fondation qui s’occupe d’accompagner les milliers de chercheurs en mobilité internationale vers la France. Peu de gens connaissent mon parcours, mais j’en suis fier et j’en parle de plus en plus, non seulement par conviction que l’éducation nationale réussit à la plupart des élèves et qu’elle n’est pas la panacée ; mais encore par volonté de témoigner en faveur d’une autre pédagogie, qui m’a tant apporté.

Dr Antony Mauvais Le 26 février 2020. »