Giulia Fichu-Sampier

- Chanteuse lyrique -

« J’ai passé sept années à l’école Steiner de Verrières-le-Buisson, où mon grand frère, Germain, était déjà scolarisé. J’ai le souvenir d’années de joie, de grande liberté, de créativité, d’avoir pu toucher aux arts de mille façons (couture, forge, sculpture sur bois, dessin, peinture, modelage mais aussi musique, théâtre, danse…), tout en suivant le programme scolaire classique.

Je ne sais pas comment résumer ces sept années de façon précise ou concise, je crois que c’est cette approche du beau qui m’a marquée à vie. Le fait que le beau, l’art, la nature aient été présents dans tous nos apprentissages, ce qui ne nous empêchait en rien d’avancer sur le programme scolaire de l’année. J’ai d’innombrables souvenirs de joie dans cette école, dans son grand parc, à travers tous les projets artistiques qui nous ont été proposés au cours de ma scolarité. C’est là-bas que j’ai pu jouer du violon dans un orchestre, chanter des chœurs d’opéra, monter des concerts régulièrement et donc me mettre en contact avec ce qui est aujourd’hui ma profession : chanteuse lyrique.

C’est grâce à toutes ces opportunités et les encouragements de professeurs bienveillants qu’est née ma vocation pour la musique. Je sais d’ailleurs que nombre de mes amis de la même promotion poursuivent et excellent dans les milieux artistiques. Bien au contraire de tout ce que j’ai pu entendre, à mon grand étonnement, à propos du prétendu caractère sectaire des écoles Steiner, je peux assurer que ces années sont pour moi avant tout synonyme de liberté, d’éveil, de créativité.

Je ne me suis jamais sentie contrainte et forcée de quoi que ce soit, au contraire je pense que l’objectif premier de l’équipe pédagogique était de nous laisser exister en tant qu’individus, de nous encourager à penser par nous-même et à développer des opinions fortes qui nous appartenaient. Nous avons toujours été encouragés à nous exprimer, à créer et à nous battre pour les idéaux que nous défendions personnellement. J’affirme, par ailleurs, n’avoir jamais ressenti de climat mystique au sein de l’école, ni d’avoir été obligée à quelque acte ou quelque parole. Encore aujourd’hui, dix ans environ après avoir quitté cette école, je ressens son héritage dans mon quotidien. Déjà parce que je chante, chaque jour. Ensuite parce que je continue de m’émerveiller des choses les plus simples, de la beauté et de la fragilité de la nature, notre conscience écologique ayant été éveillée très tôt. Je pense aussi avoir pu laisser se développer ma sensibilité, ma créativité, là où au contraire elles étaient brimées au sein de l’école publique par des règles absurdes que je ne comprenais pas. J’ai voulu faire court, mais j’ai l’impression d’avoir omis tellement de choses à propos de ce bel endroit.

Je finirai en disant que je suis déterminée à faire profiter mes futurs enfants d’un lieu aussi riche et porteur, pour leur donner les mêmes outils de sensibilité, d’intelligence, d’esprit critique et de créativité que j’ai pu recevoir. »