Guillaume Goutchtat

- Technicien du son -

« J’ai tant de choses à dire sur mon expérience que je ne sais par où commencer. Comment rester simple et concis quand on parle d’évènements qui ont changé ma vie. J’ai effectué ma scolarité à l’école Steiner Perceval de Chatou à partir de mes 14 ans. Aujourd’hui, à 35 ans, je suis très reconnaissant pour tout ce qui m’a été enseigné là-bas. Avant de découvrir cette école j’étais en échec scolaire complet. Et pourtant, j’avais toujours eu de la chance. N’étant pas un mauvais garçon, les professeurs étaient gentils avec moi bien qu’ils ne sachent pas trop quoi faire pour m’aider. L’enseignement standard ne fonctionnait pas avec moi. Pendant mes premières années à Perceval, j’allais de surprises en surprises. On m’enseignait des matières dont je n’avais jamais entendu parler, j’apprenais aussi bien à me servir de mes mains que de ma tête et de mon corps. Grâce aux travaux manuels, j’ai enfin eu la reconnaissance de mes professeurs et de mes camarades, cette reconnaissance qui m’avait tant manqué dans le système traditionnel. Grâce à ça, j’ai compris que je n’étais pas un raté qui n’arrivait jamais à avoir la moyenne en classe malgré tous ses efforts.

J’ai compris que je pouvais le faire. Au bout de beaucoup d’efforts, j’ai fini par avoir mon bac scientifique et fait les études de technicien du son que je souhaitais. Cet accomplissement personnel m’aurait sûrement été impossible dans une école standard puisqu’on commençait déjà à me parler d’orientation professionnelle qui ne me plaisait pas. Il faut garder de la diversité dans notre système d’éducation ; je n’étais pas fait pour le système standard, mais je ne pense pas que les écoles Steiner soient adaptées pour tout le monde non plus. Chacun a des besoins différents.

Je suis en manque de mots pour décrire à quel point les accusations de secte ne correspondent pas à mon expérience personnelle. Parmi mes amis qui ont suivi la même école que moi et avec qui je suis toujours en contact, certains sont resté proches d’activités liées à la philosophie Steiner ; la plupart font totalement autre chose. Chacun de son plein gré et en appréciant les outils qui nous ont été donnés durant notre éducation. Aujourd’hui je ne suis plus en contact avec mon école Steiner, non parce que j’ai souhaité rompre, mais juste parce que la vie m’a emmené ailleurs et j’ai bien de la peine à comprendre qu’il y ait des accusations de secte envers cette pédagogie qui m’a tant fait de bien et laissé prendre mon envol sans rien me demander en retour. »