Sonia Perrin

- Communication -

« Je suis ce que j’appelle une enfant Steiner. Je le revendique et le clame car j’en suis fière. J’ai intégré l’école Perceval à l’âge de 10 ans, en 1979. Je venais d’être accueillie par un papa et de changer radicalement de vie. À Chatou, j’ai rencontré ma seconde famille, Annick Lebré-Cossu, ma merveilleuse institutrice, qui nous a accompagnés plusieurs années dans nos enseignements et notre développement, et des amitiés pour la vie. Je suis toujours en relation avec Annick et mes anciens camarades qui m’ont encouragée dans toutes mes aventures.

La pédagogie Steiner-Waldorf, basée sur l’amour, la confiance et l’enthousiasme, aux lieu et place de l’ambition, la crainte et la compétition, a forgé ma personnalité, et ses valeurs m’accompagnent depuis. Dans un monde en perpétuel mouvement, souvent incertain, il me semble essentiel pour chaque enfant d’être reconnu en tant qu’individu, de sentir que l’on croit en lui, d’être accompagné vers son épanouissement dans un équilibre entre travail intellectuel et travail manuel et où la création tient une large place. Qui peut douter de la valeur de ces fondamentaux ? Quand cessera l’opprobre jeté sur les écoles Steiner-Waldorf ? Pourquoi, parce que la bienveillance en pédagogie n’a pas sa place ? Combien de temps encore jugera-t-on qu’une bonne école est forcément une école républicaine et autoritaire ? Liberté, égalité, fraternité sont des valeurs partagées par la pédagogie Steiner-Waldorf tout comme le sont la laïcité et le refus des discriminations. J’ai d’ailleurs trouvé davantage de tolérance pour la différence à Perceval que dans les établissements que j’ai fréquentés par la suite, notamment au lycée où régnait un esprit agressif de compétition et de jugement.

J’ai suivi un parcours supérieur en communication au CELSA et en histoire de l’art et anthropologie à New-York University. Je travaille depuis vingt-cinq ans à différents postes de direction, successivement à la Maison Européenne de la photographie, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain et désormais au Centre Pompidou-Metz, toutes trois des institutions culturelles reconnues à l’international. J’ai créé une association pour soutenir l’accès à l’éducation à Madagascar. J’ai également créé une société pour mener des missions professionnelles personnelles, toujours dans la culture. Je suis maman.

Mes six années à l’école Perceval m’ont appris à garder un esprit ouvert, curieux et créatif et m’ont donné le goût de l’innovation et la confiance pour aller de l’avant. La pédagogie Steiner-Waldorf m’a enseigné le respect d’autrui, ce qui m’a été utile dans mes fonctions de manager. Priver les jeunes de ces enseignements serait aller à l’encontre d’un des fondamentaux de la République : la Liberté. Chaque parent doit avoir la liberté, s’il le peut, de choisir quelle éducation offrir à son enfant, et les écoles Steiner-Waldorf sont à l’écoute de toutes les familles sociales et culturelles. Que la presse oublie un peu le côté angélique, orge bio, grandes tuniques et macramé des écoles Steiner et qu’elle fasse son travail et se concentre davantage sur l’aspect progressif de cette pédagogie, fondée sur une meilleure connaissance de l’élève et tournée vers le monde. »